Les mutuelles indiquent une hausse de 6 % de leurs cotisations à partir de 2025. Chaque année, les mêmes raisons sont évoquées pour justifier ces augmentations, mais elles peinent à convaincre.
Un besoin de révision dans le financement de la santé
En raison des problèmes financiers que rencontre l’Assurance-maladie, une réforme complète du financement de la santé est nécessaire.
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Les dissonances des mutuelles
L’augmentation de 20 % des cotisations entre 2023 et 2025 dépasse l’inflation (8,8 %) et le but national des dépenses d’assurance-maladie (9,1 %). Ni la montée du coût de la vie, ni celle des dépenses de santé ne justifient ce décalage. Les mutuelles continuent pourtant de donner les mêmes explications : vieillissement de la population, augmentation des prix, transfert de charges de l’assurance maladie ou mise en œuvre du 100 % santé.
Bien que le vieillissement de la population augmente les dépenses de santé, c’est l’assureur public qui en assume la majorité. Les patients avec des maladies chroniques, remboursés intégralement, continuent de cotiser aux mutuelles, ce qui représente un bénéfice de 3,5 milliards d’euros depuis 2012 pour les complémentaires.
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Les contrats individuels des retraités, plus profitables que ceux des actifs, rendent le vieillissement avantageux pour les mutuelles.
Le débat sur les prix
Concernant les prix, 80 % de la hausse des dépenses de santé s’expliquent par l’augmentation des volumes, les prix n’ayant progressé que de 0,6 % par an depuis 2013. En France, les biens et services de santé coûtent 30 % de moins que la moyenne de l’OCDE, ce qui est favorable aux mutuelles qui remboursent principalement des services dont les prix diminuent en valeur réelle.
Le 100 % santé et son faible impact
Certaines années, des transferts de dépenses existent, comme l’augmentation du ticket modérateur en dentaire en 2023, mais cela ne justifie pas la hausse prévue pour 2025. Depuis 2023, l’impact du 100 % santé est devenu mineur, et cette mesure a parfois entraîné des pratiques commerciales discutables.
Des arguments oubliés par les mutuelles
Les frais de gestion et les remboursements de médecines douces sont souvent omis dans les explications des mutuelles. Les frais de gestion ont atteint plus de 8 milliards d’euros en 2023, avec une hausse annuelle de 3 % depuis 2011, largement due aux dépenses de communication. Les médecines douces, bien qu’elles ne soient pas reconnues scientifiquement, coûtent plus d’un milliard d’euros aux assurés avec une offre forfaitaire généralisée.
Un poids de plus en plus lourd pour la classe moyenne
L’augmentation des cotisations affecte la population française, particulièrement les retraités, qui voient leurs cotisations doubler par rapport à celles des actifs. Les retraités subissent une baisse de revenus, des cotisations en hausse, et des contrats de moins en moins avantageux.
Un besoin urgent de changement
La classe moyenne, surtout les retraités, ne peut plus supporter seule ce système. L’existence d’un assureur privé et d’un assureur public pour la même prestation de santé est unique parmi les pays développés et nécessite une révision. Un nouveau modèle doit être créé pour optimiser socialement et économiquement le financement de la santé, en distinguant clairement les missions des financements publics et privés.
L’assurance santé publique garantirait seule le remboursement des soins essentiels. Les mutuelles seraient responsables du remboursement supplémentaire et de la prévention, en évitant toute discrimination sur des critères médicaux. Elles devraient proposer des options supplémentaires avec des règles de transparence renforcées.
Des bénéfices multiples
Ce nouveau système pourrait permettre de réinvestir 20 milliards d’euros dans le système de santé, améliorant la solidarité et l’accès universel aux soins. Cette réforme est essentielle pour redresser notre système de santé et assurer l’avenir de notre protection sociale, tout en devenant un moteur de richesse et de justice sociale.