Face à une situation critique aux urgences du CHU de Brest, les syndicats dénoncent l’attente excessive subie par les patients âgés en affichant leurs initiales et temps d’attente sur un « mur de la honte ».
Le 20 août dernier, le « mur de la honte » érigé devant les urgences du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Brest a été agrandi, portant désormais les noms de plus de 130 patients de plus de 75 ans ayant attendu plus de 12 heures aux urgences depuis le 10 juillet. Ce sont les syndicats, et notamment la CGT, qui ont pris l’initiative de cette action pour alerter sur la situation critique que traverse l’hôpital.
D’après les informations rapportées par France Bleu Breizh Izel, parmi ces patients, une quarantaine aurait même subi une attente supérieure à 20 heures. Chaque feuille A4 apposée sur le mur témoigne de cette situation alarmante en indiquant une initiale, le nombre d’heures d’attente et la date.
« Madame C, 93 ans, qui a passé 23 heures sur un brancard, Monsieur S, 89 ans, a passé 30 heures sur un brancard… », peut-on lire sur ce mur, comme le souligne Stéphane Vielmas, infirmier de bloc opératoire et représentant syndical au sein de l’hôpital.
Un risque accru pour la santé des aînés
Au-delà de l’inconfort et de la souffrance engendrés par une telle attente, les syndicats s’inquiètent des conséquences potentiellement graves pour la santé des patients âgés. Ils s’appuient notamment sur une étude de l’AP-HP démontrant qu’une nuit passée sur un brancard aux urgences augmente le taux de mortalité de plus de 40% chez les patients de plus de 75 ans.
« Les gens font tout ce qu’ils peuvent aux urgences pour les prendre en charge, c’est juste un problème de durée de prise en charge qui ne sont plus acceptables dans nos urgences », insiste Stéphane Vielmas.
Des causes multiples à l’origine de la crise
Pour les syndicats, cette situation est le symptôme d’un mal plus profond qui ronge le système de santé français. Le manque de personnel, notamment en radiologie et en biologie, est pointé du doigt, tout comme le manque criant de lits d’hospitalisation.
« C’est dû au fait qu’on est sur des manques de personnel pour faire des examens complémentaires en radiologie ou en biologie et surtout sur un manque de lits, parce que certains devraient être hospitalisés, mais on n’a pas de lits d’hospitalisation pour les prendre en charge », explique l’infirmier.
Un mouvement de grève pour alerter sur la situation
Face à cette situation intenable, un mouvement de grève a été initié mi-juillet aux urgences du CHU de Brest. Le « mur de la honte » s’inscrit dans cette démarche de protestation et vise à alerter l’opinion publique et les pouvoirs publics sur la gravité de la situation.
« Les urgences sont juste le reflet et l’entonnoir du problème de la santé en France », conclut Stéphane Vielmas.
Un appel à l’action pour une réforme profonde du système de santé
La situation à Brest n’est malheureusement pas un cas isolé. Partout en France, les services d’urgence sont saturés et le personnel hospitalier à bout de souffle. Le « mur de la honte » est un cri d’alarme pour une réforme profonde du système de santé français, afin de garantir à tous un accès à des soins de qualité dans des délais raisonnables.