Ernesto Neto transforme le mythe d’Adam et Ève avec ‘Le La Serpent’ au Bon Marché Paris

Mode & santé

Le Bon Marché Rive Gauche accueille une nouvelle fois l’art pour célébrer sa dixième exposition. L’artiste brésilien Ernesto Neto présente son installation « Le La Serpent » jusqu’au 23 février, juste avant le lancement de la saison France-Brésil marquant deux siècles de relations diplomatiques.

Ernesto Neto a reçu comme seule directive de travailler autour du blanc, évoquant le « mois du blanc » initié par les fondateurs du magasin au XIXe siècle. « C’est l’essence de notre approche », souligne Frédéric Bodenes, le directeur artistique du lieu.

A découvrir également : Renforcement des Restrictions par l'Agence du Médicament sur la Dispensation de la Dépakine Anti-épileptique

Reconnu mondialement pour ses sculptures, Ernesto Neto promeut une reconnexion avec la nature et a été acclamé en France depuis sa célèbre exposition au Panthéon en 2006, intitulée Leviathan Thot. Son œuvre serpentine, ornant les vitrines extérieures de la rue de Sèvres, incite les passants à explorer l’intérieur du magasin.

« Le La Serpent » présente des créations grandioses et intrigantes, conçues en crochet dans son atelier de Rio de Janeiro. L’artiste offre une vision joyeuse du mythe d’Adam et Ève, associant ces figures à un serpent symbolique. « Il s’agit de tisser un lien avec l’observateur. Mes sculptures dansent, influencées par la gravité », explique-t-il.

Lire également : Vogue France Célèbre une Rentrée Sensuelle et Audacieuse avec Vivienne Rohner

Les œuvres, occupant l’espace sous les verrières, encadrent l’escalator avec des formes organiques en coton. Ces sculptures, remplies de feuilles séchées locales, incarnent Ève et Adam, respectivement situés côté rue de Babylone et rue de Sèvres. Les contrepoids, contenant des billes d’argile, rappellent la création de la vie, un thème commun dans diverses mythologies. Le serpent, long de 28 mètres et fait de crochet, serpente entre eux, soutenu par 45 arcs en bambou.

Ernesto Neto déclare : « Rien n’est totalement indépendant de son environnement. Tout est en équilibre et en dualité. Cette installation est une danse avec la gravité célébrant la création de la vie. »

Au deuxième niveau, l’œuvre devient immersive. Les visiteurs sont invités à retirer leurs chaussures avant d’entrer dans « Avant que le temps n’apparaisse ». Cet espace ressemble à une cabane avec un « arbre de la connaissance » en son centre, dont le tronc mêle feuilles séchées et papier blanc. Les contrepoids contiennent des épices et de l’argile, diffusant des arômes divers. « L’odeur envahit l’espace et le corps de celui qui observe », décrit Neto. « Je veux rappeler aux gens qu’ils ont un corps, que l’odeur peut raviver la mémoire. Le curcuma est solaire, et le cumin est aussi perceptible », bien qu’un odorat exceptionnel soit requis.

Ce lieu de rencontre propose une expérience sensorielle complète. Les murs couverts d’ardoise permettent aux visiteurs d’y faire des dessins temporaires à la craie, tout en écoutant une chanson composée par Neto. De plus, les bouchons colorés suspendus autour de l’œuvre créent une mélodie semblable au son de la pluie lorsque les panneaux en crochet sont doucement secoués.

Ces œuvres grandioses expriment sa vision singulière du mythe d’Ève et Adam, qu’il préfère appeler Ève et Adam. « Il y a une mauvaise compréhension de cette histoire, ce qui engendre frustration et culpabilité. Le serpent est souvent vu comme le diable, mais je pense qu’il est à l’origine de l’humanité. Sans Ève croquant le fruit, nous ne serions pas ici. Pour moi, le serpent est celui qui nous a donné vie. Sans lui, pas de culture, pas d’objets, ni même de Bon Marché Rive Gauche », conclut Ernesto Neto.

Originaire de Rio de Janeiro, cet artiste contemporain est renommé pour ses installations en crochet. Elles évoquent des organismes vivants, sollicitant les sens et reconnectant l’homme à la nature. Elles sont conçues pour être traversées, habitées et ressenties. Neto utilise exclusivement des matériaux naturels tels que le coton, les épices, le bois, l’argile et les feuilles d’arbres.