À partir du lundi 6 janvier, la France impose de nouvelles restrictions concernant la délivrance des médicaments anti-épileptiques, tels que la Dépakine. Depuis de nombreuses années, il est établi que la prise de ces médicaments par les femmes avant et durant leur grossesse présente des risques de malformations et de troubles neurodéveloppementaux pour les nouveau-nés.
Récemment, l’attention s’est également tournée vers les hommes traités pour l’épilepsie. L’Agence de sécurité du médicament a donc décidé de réviser les conditions de prescription pour mieux informer cette population.
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Transmission par le sperme ?
À la suite de ce qui est connu sous le nom de « scandale de la Dépakine », il est avéré que les femmes utilisant des anti-épileptiques à base de valproate peuvent donner naissance à des enfants avec des malformations ou des troubles du neurodéveloppement, tels que l’autisme et les troubles dys. Cependant, certains hommes sous traitement se posent désormais des questions similaires.
Jean-Marc Laurent, père d’une fille de 16 ans appelée Margaux, souffrant de troubles cognitifs, s’est interrogé : « En tant qu’homme, je me suis dit pourquoi cela ne se transmettrait-il pas de l’homme à la femme enceinte ? »
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Marine Martin, lanceuse d’alerte et présidente de l’Apesac, association représentant les victimes de la Dépakine, soutient cette hypothèse. Elle évoque la possibilité d’une transmission épigénétique, où le sperme pourrait être un vecteur d’imprégnation qui affecterait le fœtus en développement.
Modifications dans les prescriptions
Bien que rien ne soit scientifiquement confirmé, une étude scandinave suggère que les hommes sous valproate présentent un risque accru d’avoir des enfants avec des troubles neurodéveloppementaux. L’agence a donc modifié les règles d’accès à ces traitements pour les adolescents et hommes désireux de fonder une famille. La première prescription doit désormais être réalisée par un spécialiste, tel qu’un neurologue, un psychiatre ou un pédiatre, et les patients doivent être clairement informés des risques potentiels.
« Un formulaire d’accord de soin partagé sera mis en place pour informer des pourcentages de risques. Une carte patient sera collée sur la boîte de Dépakine et un livret explicatif sera remis par le neurologue, qui devra également conseiller un changement de traitement si le patient envisage de devenir père », explique Marine Martin.
Cette évolution représente un progrès significatif pour Jean-Marc Laurent, un « papa Dépakine » engagé dans l’association Apesac. « Éviter cette souffrance sans fin pour les parents et les enfants est primordial. Si j’avais été informé à l’époque, je n’aurais pas pris le risque de devenir père », confie-t-il.
Actuellement, environ 160 000 hommes en France prennent des traitements à base de valproate.