En pénétrant dans la caserne où réside Sébastien, il est nécessaire de faire preuve de discrétion. Ce pompier professionnel n’est pas toujours bien perçu par certains de ses collègues. « La situation est délicate. Ils ne savent pas vraiment comment m’intégrer », confie-t-il. « Les gens ne me connaissent pas, ne sont pas informés, ne comprennent pas… Il m’est impossible de réaliser certaines tâches. » Sébastien a subi un traitement pour un lymphome B thoracique, une chimiothérapie intensive laissant des traces, même après quatre ans.
Malgré tout, il arbore une apparence de pleine santé : athlétique, il participe régulièrement à des triathlons. « Personne ne devinait que j’avais des séquelles », partage Sébastien, pompier en rémission. Pourtant, ces séquelles invisibles sont « nombreuses », selon lui. « Cela inclut des acouphènes perturbant l’équilibre. Trop de lumière cause des migraines ophtalmiques. Il y a aussi une forme de brouillard mental, un phénomène cognitif. Trop d’informations me submergent, affectant ma mémoire, ma concentration et ma réactivité, » explique-t-il. Dans ces conditions, reprendre les interventions avec ses collègues devient complexe.
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Séquelles méconnues par les professionnels de santé
Les maladies et traitements laissent souvent des empreintes rendant difficile le retour à une vie normale, même après plusieurs années. Sébastien vit avec ces séquelles invisibles. « Ce sont des troubles que nous, médecins, avons souvent négligés », admet l’oncologue Sylvie Murawa-Durand. « Ils résultent du traitement… Un stress oxydatif endommage les petites racines nerveuses, cérébrales et corporelles, entraînant la mort neuronale. »
Ces séquelles, imperceptibles pour l’entourage, rendent la compréhension des difficultés des survivants ardue. « À mon retour, l’inconfort était palpable », se souvient Sébastien. « On me disait : pourquoi ne montes-tu pas dans les camions ? Pourquoi ne fais-tu pas des gardes de 24 heures alors que tu t’engages dans de lourdes séances d’entraînement ? Ces ‘lourdes séances’ consistent à courir cinq kilomètres… Un minimum pour un pompier. Ou encore : ‘Il doit arrêter de se cacher derrière la maladie. Cela fait trois ans !’… Ces propos sont choquants, à vrai dire. »
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Grâce à la rééducation, 80% des personnes avec ces séquelles récupèrent leurs fonctions cognitives, bien que cela prenne parfois du temps. Cinq ans après un cancer, un survivant sur deux n’est pas retourné travailler. C’est une des raisons pour lesquelles la Ligue contre le cancer a adressé une lettre au président de la République, soulignant l’urgence de « combattre les inégalités face à la maladie », à l’occasion de la journée mondiale contre le cancer.
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